DISCOURS D'INAUGURATION
DU
4e FESTIVAL "MIR REDDE PLATT"

 

C'est pour la première fois que le Festial "Mir redde Platt" s'ouvre par un vernissage et un vin d'honneur.

L'effort et le travail engagés cette année méritaient bien cette entrée en matière.

Cet effort est d'ailleurs né d'un constat : la guerre de 30 ans pas plus que la grande peste ne sont venues à bout de notre aire linguistique.
Le "tout français" de la révolution l'a largement malmené, mais ne l'a pas éradiqué. Aujourd'hui la survie paraît condamnée par la mondalisation et le tout anglais.

Devant un état de besoins aussi grand que celui-ci et la mise en danger de notre situation privilégiée au sein de l'Europe, il fallait des mesures à la hauteur des nécessités.

En cela, nous étions invités dans cette direction par les instances les plus élevées sur le plan européen qui soulignent la nécessité de sauvegarder la diversité des langues et des cultures.

Comme vous le savez, ces mesures ont démarré de manière révolutionnaire (pour la Moselle en tout cas) par la création à l'initiative de M. le Maire des écoles bilingues paritaires que ce soit publiques ou associatives.

Ainsi c'est en ce sens que la commune a soutenu financièrement les écoles associatives, mais s'est également employée avec la plus grande énergie à convaincre l'Education Nationale de la nécessité de créer des classes publiques où l'on enseignerait l'allemand et le français à parité.

Faut-il rappeler que SARREGUEMINES est la seule commune de Moselle à bénéficier de cet atout ?
On ne peut alors qu'émettre le souhait que celui-ci se généralise à l'ensemble de la Moselle germanophone.

La pose d'une plaque bilingue est un événement important dans la mesure où il consacre la spécificité d'une culture et d'une terre. Il ne s'agit pas d'un geste anodin, mais au contraire d'une action capitale sur le plan psychologique dans la mesure où elle entraine la réhabilitation publique de notre langue régionale.

Un certain nombre d'entre nous sont d'avis que la langue régionale doit survivre grâce à l'action de la famille, qu'il s'agit d'une affaire de cadre familial, d'intimité et que la scolarité ne doit pas y être mêlée.

Il faut alors nous pardonner cet "interventionnisme" dicté par l'urgence et la gravité de la situation : le cadre familial n'est plus suffisamment apte à assurer la transmission du Platt ou francique.

Il appatient par conséquent également aux associations et aux collectivités publiques de s'impliquer et d'épauler la culture locale.

Ceci passe alors par des actions concrètes auxquelles les services culturels de SARREGUEMINES se sont prêtés avec la passion qui leur est habituelle.

C'est ainsi que la bibliothèque s'équipe toujours d'avantage au niveau du rayon francique et allemand (le francique ne peut vivre sans l'allemand littéraire, ne nous leurrons pas, les deux sont complémentaires et indissociables).
La bibliothèque organise donc et va encore organiser, si le succès suit, l'heure du conte en francique.

Le musée nous a également organisé une splendide exposition qui rappelle que culture régionale ne rime pas seulement avec langue.

Les archives, elles aussi, apportent une pierre magistrale en dévoilant pour la première fois l'impressionnante bibliothèque du Professeur Henri HIEGEL, laquelle regroupe les bibliothèques des Abbayes TOUBA et KIRCH, grands érudits locaux d'avant guerre et qui représente la collecte faite par M. HIEGEL pendant 70 ans d'intense activité. Cette bibliothèque a ainsi été l'outil de travail des 3 plus grands historiens de SARREGUEMINES et de sa région. Elle contient 3000 titres d'ouvrages et 1500 volumes de revues à caractère régional. En un mot, il s'agit de la bibliothèque privée la plus importante de l'est mosellan qui couvre une ère géographique correspondant à la Lorraine, l'Alsace, la Sarre et le Palatinat.

L'année prochaine, soyez en sûr, le conservatoire sera au rendez-vous !

Enfin, un bond en avant a été fait grâce à la création d'un site internet, gage indispensable, de nos jours, d'une meilleure communication.

Que pourrons nous faire d'autre encore, certainement quantité d'actions qui vont de l'usage de la langue régionale dans les débats administratifs (encore faudra-t-il se réapproprier le vocabulaire administratif), soutenir toute initiative en faveur des danses...
En un mot, cultiver tout au long de l'année cette culture à laquelle nous sommes attachés et que nous souhaitons transmettre aux jeunes générations.

Les idées bouillonnent déjà pour l'année 2003 !

Nadia PIETERS-FIMBEL, Adjointe au Maire attachée à la culture